Retour au pays

Je vous livre mon premier billet d'écriture. Comme je vous en ai parlé, c'est avec un support, que je m'essaie à cette envie nouvelle d'écrire.Certains blogs proposent ces exercices, j'ai choisi les plumes d'Asphodèle, https://leslecturesdasphodele.wordpress.com ) qui, avec une liste de mots choisis par tous les participants proposent l'écriture d'un texte.

Voici la liste des mots :Insomnie, torpeur, flocon, inéluctable, agapes, fuite, cheminée, démesure, verdâtre, orange, mantille, victoire, illumination, attente, invitation, emballer, courage, chauffage, réussite, enfant, parole, quartier, quintessence, quelconque.

 

C’est sur le quai, le long du port,  dans ce quartier, qu’elle s’est avancée, lentement…. sans but, simplement pour s’imprégner une dernière fois de l’ ambiance cotonneuse, des odeurs poissonneuses, de toute cette alchimie qui lui est si familière. Autrefois, enfant, elle  venait ici, retrouver ses compagnons, courir sur la grève, affoler les volatiles si nombreux et, dans le sable, traîner de ses pieds goémons et algues verdâtres .

Elle longe les grandes bâtisses grises bien ordonnées, aux cheminées étroites et boiseries recouvertes de peinture écaillée rongée par le sel et les vents. Aujourd’hui quelques flocons, les premiers de la saison, virevoltent devant son visage, elle ne les voit pas, elle est enveloppée non pas d’ un voile ou d’une mantille, mais de quelque chose d’impalpable, d’inéluctable, une sorte de torpeur, un état qu’elle recherche et qui pourrait être une invitation, non pas à la fuite, mais bien au contraire une invitation au voyage intérieur. Elle avance et vient puiser ici, les forces et le courage qui pourraient lui manquer.  

Bien plus loin devant elle, des illuminations clignotent, rien à voir avec les signaux puissants du phare omniprésent à quelques longueurs du rivage mais simplement quelques piqûres de rappel, Noël approche. Au travers de la poudre qui descend du ciel blanchi, elle continue d’avancer et entrevoit les bokehs oranges qui se dessinent.

Depuis quelques jours, bien ailleurs, dans des maisons ou appartements équipés de chauffage, ils s’affairent, ils emballent, sont dèjà dans l’attente de consommer les agapes, pour certains dans la démesure. Pour d’autres,  la réussite sera le bonheur d’un partage chaleureux en famille mais peut être aussi l’absence ou les regrets ou peu de choses, voire rien.

Elle continue d’arpenter les ruelles éclairées, s’approche des lieux de vie où certains viennent s’abreuver, des fois qu’elle ferait une quelconque rencontre, le pêcheur du coin l’ami ou le voisin qu’elle a connu, qui pourrait lui raconter les histoires qu’elle aime entendre et qui l’ habitent dès qu’elle est de retour au pays natal.

Elle s’enivrera de leurs paroles, repartira encore une fois remplie de la quintessence de ce lieu et gagner peu à peu une victoire sur ses insomnies.